PLEURE(NT) LES GLACIERS
Une installation de Clara Thomine 

Dans les allées du parc Georges Henri à Bruxelles, on peut voir sur les dalles, au sol, des inscriptions qui s’effaceront, sous les pas des promeneurs, au fil du temps.
Cette installation artistique dans l’espace public, créée par Clara Thomine, s’intitule : « Pleure(nt) les glaciers ».
Les mots inscrits dans la pierre sont, en effet, les noms de glaciers qui ont disparu, les noms des lieux où ils se trouvaient, avec les dates de leur disparition.
Ces dalles qui, autrefois, recouvraient des sépultures humaines vont donc, pour un temps, connaître un nouveau destin, celui de commémorer des éléments naturels.
Cette œuvre, à sa manière, nous parle de l’urgence écologique, elle nous appelle à agir contre le réchauffement climatique, pour que les glaciers cessent de disparaître et continuent à nous préserver des sécheresses en été.

Mais, de manière plus sensible, elle nous invite aussi à songer à ces anciens géants de glace eux-mêmes, à leur absence, leur beauté évanouie, leur force liquéfiée. Où se trouve l’eau qui les a quittés ? Retournée à la mer ? À la terre ? Envolée dans les nuages ?
Il est probable qu’un jour vous receviez une goutte de pluie provenant de l’un de ces glaciers.
Il est possible que cette goutte tombe sur votre visage, et glisse sur votre joue comme une larme.
Et pourquoi pas, ici même, dans ce parc, devant l’une de ces pierres ?

Pour nourrir son projet, Clara Thomine s’est appuyée sur le monde scientifique. Des spécialistes de la question ont apporté des données précieuses. Des glaciologues et des climatologues du Mexique, des États-Unis, du Kenya, de Colombie, d’Islande, d’Équateur, d’Europe ou encore d’Antarctique ont partagé leur savoir, leur expérience et désigné les glaciers disparus significatifs pour eux.

QUI EST CLARA THOMINE ?

Née en 1990 à Nancy (France), Clara Thomine vit et travaille à Bruxelles depuis 10 ans.
Ses domaines de prédilection sont la vidéo, l’installation et la performance.
Dans ses différents travaux, elle improvise beaucoup. Dans ses vidéos, elle part de situations réelles, qu’elle décrit à sa manière, souvent enthousiaste au point de les transformer, de les réinventer, sans que l’on sache vraiment où se trouve la frontière entre l’émerveillement et l’ironie.

Elle s’adonne aussi à la conférence-performance avec notamment « Ça va changer » qu’elle a joué à Bruxelles à l’ISELP et à Paris au CWB. Elle y aborde des sujets liés aussi bien à la création artistique, à l’usage du numérique, qu’au réchauffement climatique.
Pour sa dernière exposition personnelle, elle a ouvert un magasin éphémère où elle vend elle-même des objets trouvés après la fin du monde. Sous le titre “Tout doit disparaître”, elle joue sur l’ambiguïté d’un slogan qui évoque à la fois les soldes et l’apocalypse. Elle a créé les Éditions de la fin du monde dont elle est la seule employée et, bien sûr, la directrice générale. Elle a également remporté le prix d’interprétation féminine au Bruxelles Short Film Festival, en 2022.


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